Superligue OK...mais dans quelles Arenas ?

Publié le par thinktank-frenchbasket

Nous posions dans les principes fondateurs de la Superligue que les franchises la composant évoluent dans des Arenas ou salles de 10.000 places environ sur des marchés puissants.

 

L'examen du parc actuelle de salles pouvant la recevoir est édifiant : POPB bien sûr, Park and Suites Arena de Montpellier, pour peu qu'on ferme les yeux sur les faiblesses structurelles de cette enceinte (cf. Arena et ARENA ) et boîte à spectacles de Lille (pour peu qu'elle finisse par s'ouvrir). En dehors de ces trois salles, opérationnelles ou en passe de l'être, subsisterait évidemment le projet de Lyon.

 

La lecture de cette news link couplée à cette mauvaise nouvelle link repose la question du financement des salles de grande capacité. On relève dans la news traitant du financement de la nouvelle salle de sacramento que :

- contrairement aux idées reçues, les collectivités contribuent significativement au financement des projets d'Arena aux Etats-Unis. Soit directement comme cela est le cas ici, soit via des taxes ad-hoc qui sont mises en oeuvre (par ex. à San Antonio, le comté a mis en place une taxe spécifique sur l'hotellerie et les transports, postulant que certains viendraient en ville pour assister aux événements et qu'il leur appartenait aussi de contribuer au financement d'un équipement qui ne satisferait pas que les besoins des résidents).

- les futurs exploitants jouent également un rôle essentiel dans le financement (AEG à Sacramento mais également au POPB). Quoi de plus normal que celui qui va assurer l'exploitation d'un outil soit associé à son financement ?

 

Ces méthodes sont difficilement transposables en France :

- compte tenu de la pression financière qui pèse sur les villes, on peut difficilement attendre d'elle qu'elle continue à prendre en charge le financement d'installations dont on envisage au surplus qu'elle profite aux intérêts de quelques privés. Ou en tout cas qu'ellele fasse en plus du reste.

- compte tenu de la composition du secteur économique de l'exploitation de salles multifonction en France, les acteurs hexagonaux ne disposent (aient) pas de la surface financière suffisante pour apporter les garanties attendues. Encore que sur ce point, le rachat de Vega par Fimalac qui pourrait jouer un rôle dans la réactivation du projet bordelais (link) ou la constitution par les groupes de contruction de filiales d'exploitation (ex Vinci concessions) pourrait changer la donne.

 

Je reste circonspect sur la deuxième évolution envisagée ci-dessus. Pour la raison essentielle qu'elle découle d'une logique de concentration verticale dont on m'empèchera pas de penser qu'elle se traduit toujours par un manque de maitrise des couts au moment de l'attribution des marchés de construction, coeur de métier des acteurs concernés.

 

On reste par ailleurs en France encore beaucoup trop frileux quant à la mise en place  de collaboration avec les poids lourds du secteur de l'exploitation (AEG, Global Spectrum, NEC....) aux motifs qu'ils sont anglo-saxons et qu'on postule que leurs modèles ne sont pas transposables en France. Pourtant, ceux là sont intéressés par notre terrtoire qu'ils identifient comme un marché à fort potentiel. Culturelle frilosité de la France à l'égard de la nouveauté.

 

Compte tenu de cette situation, des solutions exotiques émergent ici ou là. A bordeaux, c'est une acteur financier spécialisé dans la construction et l'aménagement de surfaces commerciales qui avait intégré dans son projet une Arena. sans doute parce que cela conférait à son projet une plus grande dimension d'intérêt général. Mais si le marché de la distribution de produits de consommation s'essoufle, c'est aussi le projet de salle qui capote. Pourquoi rendre des projets structurants dépendants d'autres enjeux ?

 

Mais alors quelles solutions ?

 

Le Rapport Arena 2015 avait établi q'un financement de 30% environ d'un projet de salle par le secteur public était nécessaire à la concrétisation de ces projets. Soit en apports numéraires directs, soit en garanties des collectivités pour minimiser l'impact des frais financiers sur le projet. Une enveloppe de 150 m€ était alors envisagée. Partant de l'hypothèse qu'elle serait affectée à 5 projets (pour arriver aux 8 franchises visées) on pourrait donc se projeter sur des Arenas de 100m€ assis sur 30 m€ de contributions de l'Etat.

 

En complément, il nous faut repenser le rôle des villes dans le modèle économique des franchises. Cessons de prétendre à la captation de subventions d'exploitation, mais privilégions en remplacement un investissement sur les structures et les Arenas. En partant du constat que les Villes sont capées en terme d'attribution de subsides à des clubs professionnels à 1,2 m€, postulons que cette contribution annuelle soit lissée sur 30 ans (durée d'amortissement des salles) pour une contribution complémentaires s'établissant donc à 36 m€.

 

Nous voilà donc potentiellement dotés de 66 m€ de contributions de l'Etat et des collectivités locales. De quoi envisager le financement d'enceintes de 150 à 200 m€. Pour avoir porté le projet lyonno-villeurbannais, et sans trahier aucun secret puisque les chiffres avaient été rendus publics, je témoigne qu'il se bouclait à 165 m€ (hors parking et aménagements extèrieurs) et qu'à ce prix, nous nous serions dotés d'une salle d'un standard trés élevé.

 

Parce qu'en la matière, il ne faut pas mégoter et bien construire les salles adaptées aux attentes du futur de leurs utilisateurs.  Sur ce point précis, j'ncourage à tous les anglophones la lecture de l'article suivant http://www.gensleron.com/lifestyle/tag/sports-venues-new-paradigm, signé par une des plus référencées pointures modiales du secteur, Ron Turner, avec qui j'ai eu tant de plaisir à travailler sur Arena Villeurbanne Lyon.

 

Alors certes il demeure des obstacles. Au premier rang desquels l'obstacle juridique, puisqu'en l'état actuel des textes, il est impossible d'obtenir une contribution de la puissance publique sur un projet de nature privé. Au deuxième rang desquels la concrétisation des promesses faites dans le cadre du rapport  Arena 2015.

 

C'est sur ces terrains que nous devons attendre les dirigeants de la LNB, plutot que sur la création d'une ligue atlantique, golfe du morbihan ou esturaire de la garonne. Quelles mesures va-t-on mettre en oeuvre pour exercer un lobby politique efficace après que la loi dite Depierre, du nom d'un parlementaire par ailleurs dirigeant du basket français impliqué à la JDA Dijon, a cantonné les adpatations législatives mises en oeuvre pour l'euro 2016 au seul secteur des stades de foot (ah mais c'est vrai, il n'y a pas de projet de salle de basket à Dijon !!!) ?

 

Halte aux mesurettes et concentration de tous nos efforts sur les fronts essentiels. Voilà ma conclusion. En fonction de quoi, notre basket pourra se doter des leviers premiers de son développement : LES SALLES !

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A
Ah pierro. Qu il est bon de te lire. Du bon sens au il est pourtant bien difficile de faire entendre. Pourquoi partout ailleurs dans le monde et en europe et pourquoi pqs chez nous ?<br /> Une partie de la reponse tient sans doute dans la puissance du lobby de la culture aui a deja impose l ineptie des zeniths et dans la molesse du mouvement sportif qui se complait trop souvemt dans<br /> son alienation au monde politique. Subvemtions, quand tu nous tiens par les couilles !!!!
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A
Ah pierro. Qu il est bon de te lire. Du bon sens au il est pourtant bien difficile de faire entendre. Pourquoi partout ailleurs dans le monde et en europe et pourquoi pqs chez nous ?<br /> Une partie de la reponse tient sans doute dans la puissance du lobby de la culture aui a deja impose l ineptie des zeniths et dans la molesse du mouvement sportif qui se complait trop souvemt dans<br /> son alienation au monde politique. Subvemtions, quand tu nous tiens par les couilles !!!!
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P
Et moi qui croyais naïvement que l'Arena bordelaise était en bonne voie...Preuve supplémentaire de la frilosité bordelaise à doter cette agglo magnifique d'un outil culturel essentiel et qui en<br /> aurait fait un passage incontournable des pointures du divertissement, comme les énormes groupes de rock américains, qui passent de la GB à l'Espagne sans s'arêter, faute de lieu adaptés...Alors<br /> que la multinationale Live Nation (qui gère la salle de LA, entre autre, mais a également sous ocntrat Metallica ou des festivals de musique) essaye d'enraciner des évènements en France (Main Stage<br /> festival à Arras, festival Sonisphere), aucune infrastructure digne de ce nom n'apparaît et j'ai bien peur que leurs efforts ne s'arrêtent bientôt...<br /> <br /> Les propos de Ron Turner paraissent d'un tel bon sens que l'on peut se demander pourquoi le modèle n'est pas mis en application...La notion de marque, qui fait vendre, rejoint la notion d'identité<br /> visuelle que le basket français rechigne à développer, sans vouloir accepter ce fait (identification=marque d'appartenance, donc visuel!).<br /> <br /> Merci pour ces liens instructifs!
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A
Ron Turner est un crack ! qui a su garder une grande simplicité. Le secret du succès.<br /> D'autres lectures à suivre. le disque dur de 25 ans d'expèrience n'est pas encore purgé ;-)
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A
Ron Turner est un crack ! qui a su garder une grande simplicité. Le secret du succès.<br /> D'autres lectures à suivre. le disque dur de 25 ans d'expèrience n'est pas encore purgé ;-)
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